Neurosciences et équipes de choc : la puissance des préférences cérébrales

Neurosciences et équipes de choc : la puissance des préférences cérébrales

Et si on se basait sur les neurosciences pour créer des équipes performantes ? Le modèle des préférences cérébrales de Ned Herrmann a fait ses preuves en la matière. Des équipes complémentaires, polyvalentes et concurrentielles sont constituées grâce à la méthode du « cerveau total ». Et les résultats sont sans équivoque quant à la finesse d’analyse des problèmes par l’équipe, à la qualité des décisions, à la diminution du risque d’erreurs et à l’atteinte voire au dépassement des objectifs. Voyons ce que sont ces préférences cérébrales et comment elles entrent en jeu dans la composition d’une équipe.

L’apport des neurosciences

Les préférences cérébrales ont été définies par Herrmann, inspiré des travaux de Sperry et MacLean*. Ce concept, issu des neurosciences, a notamment prouvé son utilité dans les domaines de l’apprentissage, de l’orientation, de la communication et des RH. Il est par ailleurs hautement préconisé dans la constitution d’équipe.
 
Selon Herrmann, pour qu’une équipe soit la plus performante possible, elle doit cumuler en son sein un « cerveau total ». Concrètement, il faut retrouver l’ensemble des préférences cérébrales dans l’équipe afin qu’un projet soit pensé et mené parfaitement, i.e. qu’il combine adroitement originalité et faisabilité, que la synergie entre les membres soit vecteur de productivité et qu’une planification cohérente assure un déroulement optimal. L’équipe sera d’autant plus complémentaire et performante que chacun apportera sa contribution au moment décisif.

Qu’est-ce qu’une préférence cérébrale?

« Êtes-vous plutôt cerveau gauche ou cerveau droit ? » C’est souvent sous cet angle que sont généralement abordées les préférences cérébrales. Cette question a du vrai, mais reste incomplète pour aborder les préférences cérébrales. Car outre cette scissure verticale qui divise le cerveau en deux hémisphères, il y a aussi une division horizontale qui est opérée entre le cortical et le limbique pour donner, au final, quatre quadrants. 
 
Chacun d’entre nous a un ou des quadrants préférés qui nous prédisposent à penser d’une certaine façon et à exercer plus facilement certaines tâches. Nous utilisons automatiquement ces préférences quand nous devons communiquer, apprendre, traiter une nouvelle information, aborder un problème, prendre une décision, choisir une méthode de travail, mener un projet … Tous nos comportements du quotidien sont influencés par ces préférences cérébrales. Chaque quadrant a ses propres caractéristiques et devient un atout unique dont l’équipe ne pourrait se passer, au risque de compromettre le projet. Voyons ces quadrants en détail.

Les quatre préférences : leurs apports dans une équipe

Le limbique droit : l’analytique
Une personne préférant ce quadrant va évoluer avec aisance dans un univers logique et factuel. En équipe, ce profil terre-à-terre prend facilement le rôle d’ingénieur des travaux pour en valider la faisabilité et penser naturellement à tous les détails techniques. A l’aise avec les chiffres et les statistiques et centré sur la résolution de problèmes, il cherche à garder le contrôle et veille avec minutie à ce que le projet avance sans anicroches.

Sa propension pour la technicité et l’approche rationnelle des choses pourraient cependant le faire paraître froid et trop « mécanique ».

Le cortical droit : le planificateur
Cet organisateur né se caractérise par sa propension à tout planifier, à coordonner et à superviser les tâches. Sachant suivre formellement un cahier des charges, il sait se référer au prescrit pour maintenir le projet dans sa ligne directrice et veille au bon respect des normes et procédures. Cet administrateur apporte à l’équipe sécurité, rigueur et méthode afin de structurer un projet dans les règles et d’en suivre l’exécution.

Parfois trop pointilleux, les autres quadrants peuvent regretter son manque de souplesse, d’ouverture à la nouveauté et de prise de risque.

Le limbique gauche : le créatif
Ce profil imaginatif apporte une fraîcheur à l’équipe avec l’originalité de ses idées, ses capacités de synthèse et d’innovation ainsi que sa faculté à voir le projet dans son ensemble. Embrouillée dans un problème, l’équipe pourra compter sur lui pour conceptualiser autrement les choses et trouver une solution inédite qui sort des sentiers battus. Ce promoteur du changement saura utiliser sa vision à long terme pour engager l’équipe dans une voie qui se démarque, en plus de donner du sens au projet.

Son côté idéaliste et rêveur peut l’empêcher d’évaluer avec pragmatisme la valeur d’une idée, et sa tendance à être désordonné peut facilement le faire dériver du plan initial.

Le cortical gauche : le relationnel
Ce grand communicant dispose d’un sens relationnel développé, appuyé par sa sensibilité et son empathie. Intuitif et passionné, il avance au gré de son ressenti, qui est sa boussole pour percevoir l’environnement et savoir y réagir. Avec son sens de l’équipe, il est le liant du groupe, qui a à cœur d’instaurer une belle harmonie et de veiller à l’intégration de chacun. Tolérant, altruiste et chaleureux, il apporte à l’équipe une humanité,  il remonte le moral et motive ceux en perte de vitesse, tout en étant soucieux du bien-être de chacun.

Son excès d’enthousiasme et son côté bavard peuvent lui faire perdre le fil des tâches et son émotivité peut l’empêcher de considérer les aspects logiques du projet.

Dans la pratique 

Ces préférences ont été présentées indépendamment pour bien identifier leurs spécificités, leurs apports et leurs limites. Ceci dit, 60 % des gens possèdent une double-préférence, souvent concentrée vers la gauche ou vers la droite, bien que des croisements d’hémisphère soient possibles. Un tiers de la population possède une triple préférence. Il ne reste que 7% possédant une seule préférence, et quelques rares 3% avec les quatre préférences. 

On pourrait penser que ces derniers puissent mener à eux seuls un projet, ce qui n’est pas faux. Or, cette totalité de préférence fait que chacune reste peu marquée, contrairement aux personnes ayant des doubles, voire qu’une préférence hautement développée. Ceci, pour expliquer que chaque personne a un rôle à jouer en équipe, qu’elle possède une ou deux préférences très affirmées, ou qu’elle jongle facilement avec trois ou quatre préférences, sachant ainsi trouver un terrain de communication avec chaque membre du groupe.

Curieux de connaître vos préférences ou intéressé à tester la composition d’une équipe à « cerveau total » ? Plusieurs tests, dont le CTPI-R de Central Test, permettent d’identifier les styles de pensées privilégiés d’une personne et calculent avec précision le taux d’utilisation préférentiel de chaque quadrant. A vous de jouer !

*Demilly, S. (2010). “ Manager avec l’approche Hermann : L’art de conjuguer les intelligences individuelles “. Editions Eyrolles.

Article publié sur centraltest.fr